A travers l'Ouzbékistan

• « étape préc.
• étape suiv. »

6. Etape à 50cents

Rishton, Ouzbékistan (08/09/2006)

Je laissais la critique hôtelière à Ludo jusqu'à présent mais là, ce soir, notre chambre m'inspire trop pour que je puisse retenir mon crayon et mon carnet. Les ombres affûtent les mots. Les pages se noircissent…

La lumière est restée éteinte de peur d'attirer trop de monde dans la chambre déjà étroite. La fenêtre baillante, maintenue par un fil au pied d'un des deux lits, et son carreau cassé sont une invitation qui ne se refuse pas pour tous les moustiques de Rishton. Nous sommes donc déjà couchés, à 20h42, contraints et forcés. Le filament de notre unique ampoule grise a brûlé ; juste assez pour nous révéler quelques crottes le long des murs et des taches plus brunâtres que le parquet. Des bouteilles, papiers et autres déchets (certains semblant organiques) sur et sous l'armoire, sous les lits et sous l'étrange bonbonne plantée dans un coin de la chambre. Enfin, nous exorcisons tout cela à coup de flashs et de commentaires subtils… Nous passons sur l'absence de draps, de couvertures, sur les papiers de bonbons habilement glissés entre le sommier et la paillasse qui tient lieu de matelas. Pfff… le sac de couchage est dégainé et fermé serré. Mieux vaut avoir un peu chaud que d'attraper la gale, ou pire.

Je suis donc bien calé dans mon lit et admire la fenêtre. Le carreau n'est pas vraiment 'cassé'. Disons qu'il est coupé en biais et a coulissé vers le bas. Parfait exemple de guillotine, il ne manque que le couperet inférieur. La lumière jaune d'un lampadaire vient s'écraser de part et d'autre de l'ouverture et rehausse la crasse des plaques de verre encore valides. Magnifique ! Elle a encore un peu de force pour venir mourir sur les murs, juste au-dessus de moi. Je m'attends à recevoir quelques poussières sur la figure, mais non… Le combat jaunâtre est propre, la lumière se bat héroïquement, seule. Les lits méritent eux aussi leur médaille, tout branlants et cabossés qu'ils sont. L'un à un pied bot, l'autre s'affaisse à gauche. Cette nuit, et bon nombre des précédentes, aurait dû être leur dernière.

Nous paierons cinquante centimes chacun au matin. Sans commentaire.

0 commentaire

• Laisser un commentaire

  Vous êtes connecté en tant que me.
  Vous pouvez poster un commentaire sous un autre nom en vous déconnectant

  Si vous êtes déjà inscrit sur ibimus, le plus simple est de vous connecter
  Sinon, vous pouvez laisser un commentaire en donnant un nom et un e-mail.

  Écrire