La Chine du bout du pied

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1. Une ville ou tous les scooter sont éléctriques

Kachgar, Chine (18/10/2006)

Ah ! Deux touristes. 1m80, le barbu à lunettes appelle le châtain grisonnant "Ludo". Ils ont un air sale… terreux même. Lucie les accueille avec un sourire. Tiens ils ne veulent pas de chambre. Des bagages… deux bagages. Des gros sacs apparemment. Ca me fait toujours marrer les touristes… surtout lorsqu'ils miment un sac à dos. Lucie leur demande quand ils sont arrivés. Et leurs bagages ? Les deux jeunots ont un peu de mal à suivre mais ça passe finalement… ils sortent tout juste du bus et leurs bagages sont à l'hôtel depuis quatre jours. Ca y est, c'est eux qui ont perdu Lucie maintenant. Voilà le phrase-book. Elle doit leur montrer la fatidique "Voulez vous réserver une chambre ?" Après 20 minutes à expliquer qu'ils cherchent des sacs… je comprends qu'ils le prennent mal. Bon, Lucie fait l'autruche, Ahmed prend le relais. Pas très efficace… Oussin arrive en renfort, ça commence à faire du monde avec les deux gardes qui matent ça de biais. Ca bloque toujours… Oussin appelle sa sœur. Le téléphone circule du barbu à Oussin… et d'Oussin au barbu… Ils raccrochent mais n'ont pas vraiment avancé. Une touriste qui bredouille quelques mots de chinois leur vient en soutien… bof… On peut dire que Lucie, Oussin et Ahmed ne lâchent rien. "Pas de sac ici !" On peut aussi dire que les deux touristes sont encore plus butés : "Les sacs sont là, vous avez bien un local ! Des registres !" C'est parti pour la visite du cagibi. Ils descendent les yeux brillants d'espoir (c'est beau) et remontent un peu plus échauffés qu'avant… tiens ! je vais aller voir ça de plus près moi…

PUTAIN qu'ils sont cons ces Chinois! Enfin ces trois là! Et en voilà un nouveau qui aborde Ludo. Bon, je passe un bras par-dessus le desk, pointe les registres et notre papier avec la date entourée soulignée repassée : le jeudi 12. Ludo discute avec le nouveau venu, c'est un Pakistanais qui se propose interprète. Les réceptionnistes semblent le connaître et l'hôtesse relève même la tête. Mais bon… elle lui dit de traduire qu'ils n'ont pas de bagage, non, mais des chambres libres, oui. J'ai les registres du 12. J'ai même le passage de Nick et Michael. Bon, nos gars sont bien descendus là, ça va chier ! Je veux voir le manager. Ludo est reboosté aussi. On demande le boss, le mec au-dessus, leur chef. On s'en fout qu'il dorme. Non ce n'est pas le gars à droite. On ne les lâche pas. Ils nous disent d'attendre une minute (enfin le Pakistanais traduit). Après plus d'une heure et une autre minute, mon carnet de route apparaît.

Est ce que c'est le mien ? Tu m'étonnes. Je me penche au-dessus du comptoir et regarde dans l'annexe à droite. Un coin de mon sac dans un miroir. Merde il est là ! Je vais faire le tour, ils m'arrêtent, sortent mon sac et tirent aussi celui de Ludo de dessous le comptoir, là, sous les pieds de l'hôtesse… on rêve !

Sinon... a part ces manières moyen-ageuses... nous sommes dans une ville à la pointe de la technologie: voix-sur-ip dans toutes les épiceries, centres commerciaux immaculés et scooters électriques à 80%. L'endroit idéal pour perdre l'un de nos disques durs...

Krr Krr Krr.

Le X-Drive de Ludo fait le bruit d'un criquet malade. Ce petit bijou de technologie se meurt. Ludo l'éteint, le rallume, Krr kr…

La chute d'hier lui a été fatale: nous perdons l'un des deux gardiens de nos photos. Je l'ouvre, l'ausculte. Rien à faire: il faut faire un transfert d'organe. Nous avons la chance d'être en Chine et de disposer de galeries entières de magasins d'informatique. Nous partons donc à la recherche d'un disque dur….

Cela nous coûtera une bonne demi-journée, le temps de trouver le donneur, d'opérer et de transfuser toutes les photos de mon disque vers le nouveau. Cela coûtera aussi à Ludo 50$ et une pomme : il devra manger le fruit accompagné d'un verre d'eau chaude (juste de l'eau), gracieusement offerts par la boutique où nous ressuscitons le X-Drive.

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