Des paysages qui vous coupent le souffle

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4. Rencontre cavalière

Ozero Song-Kël’, Kirghizistan (16/09/2006)

Rencontre cavalière Glissez ici une photo de l'étape

Il est très mat de crin et noble d'allure. Je le regarde avec respect et nous imagine, monture et cavalier. Pas facile. Mon air doit être un peu benêt car Beka, notre guide, rit de bon cœur et vient me montrer comment placer le pied gauche sur l'étrier et saisir la crinière. Ho-hisse. J'y suis, nous partons. Nos cœurs sont légers, nous découvrons en Chris un ami joyeux et formons vite un trio anglophone. Nous nous émerveillons et interrogeons notre guide. Beka a 22 ans et parle déjà une dizaine de langues. Il a grandi dans la vallée et connaît tous les cols. Il a une bonne humeur qui se mêle à notre rêve éveillé.

La balade dure 4-5 heures. Magnifique. Le lac se découvre au détour du col, les chevaux sont dociles et j'apprends doucement à tenir les brides assez serrées, à diriger le cheval hors des trous. Pas de cravache, mais je m'affirme de "Tchh Tchh" fermes et décidés. Il est agréable de se faire porter à travers ces peintures de maîtres.

J'aurai le droit à un triple baptême: trot, galop et chute du cheval (que j'ai suivi à terre par politesse). Puis la journée s'achève sur un coucher de soleil qui mêle le lac Song-Kul aux montagnes qu'il baigne.

Nous sommes libres, heureux et cavaliers.

La nuit tombe doucement, elle bruine en légers filets d'obscurité… et avec elle vient le froid. L'hiver vient. Le mot passe et les bergers empaquettent leur yourte les uns après les autres. Nous arrivons comme le son d'une corne de brume et les troupeaux suivront de peu notre départ. C'est bientôt la fin d'une saison, bientôt les bergers redeviendront des citadins.

Mais pour l'heure, des sifflets résonnent dans la vallée, suivis d'aboiements et du bruissement d'un troupeau qui s'ébroue. En fermant les yeux, j'imagine le bruit de rapides contenus de force par rives et rochers.

Ludo et Chris sont allés chercher le sommet de la colline pour y cueillir quelques reflets roses dans le ciel ou sur le lac. A la nuit tombante, les photos pleuvent aussi. Je suis assis dans la yourte qui abrite la chaleur des dernières heures, face à l'ouverture et au cœur de la vallée.
Il fait nuit noire. Aucune lumière dans la vallée : l'électricité est inconnue des lieux, les bergers dorment. Aucune lumière sur le lac, ni dans les montagnes : il n'y a que nous, les bêtes et le ciel. Plus grand encore que celui de Chak-Chak, plus piqueté, plus beau.

Nos quatre paires d'yeux sont rivées dans la voie lactée, je parle de Galaxie à Beka, il nous explique qu'il a donné une étoile à sa petite copine numéro 5. Nous communions d'une joie simple et amicale.

La yourte a quitté son habit de salle à manger pour vêtir sa robe de chambre ; nous nous faufilons sous d'épais duvets, nous y enroulons et nous élançons dans nos rêves. Notre sommeil sera aussi profond que la nuit.


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Détails de l'étape

Date d'arrivée :
16/09/2006
Pour y arriver :
taxi
Hébergement :
chez l'habitant
Confort :
basique